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Que vous soyez héritier, légataire ou simplement en quête d’informations, il est essentiel de bien comprendre les étapes clés de l’évaluation du patrimoine et de la détermination des droits des héritiers. Dans cet article, nous vous guiderons à travers ce processus en détaillant les éléments cruciaux tels que l’évaluation des biens immobiliers et mobiliers, le traitement des dettes du défunt, l’impact des donations antérieures, le calcul de la réserve héréditaire, et les droits spécifiques des différents héritiers.
Morgane Deswarte, avocate spécialisée en droit des successions, met à votre disposition son expertise pour vous accompagner tout au long de cette démarche.
Les biens immobiliers
Lorsqu’une personne décède, l’évaluation de ses biens immobiliers est une étape nécessaire pour déterminer la valeur totale de la succession. Les biens immobiliers incluent les maisons, appartements, terrains et tout autre type de propriété foncière. Ils sont évalués à leur valeur vénale, c’est-à-dire leur valeur marchande, au jour du décès. Cette estimation doit refléter le prix auquel le bien pourrait être vendu sur le marché immobilier à ce moment précis.
La résidence principale du défunt bénéficie souvent d’un traitement fiscal avantageux. En effet, elle peut faire l’objet d’un abattement de 20 % de sa valeur vénale si elle était également la résidence principale de l’époux(se), partenaire de Pacs, ou enfant du défunt au moment du décès. Cet abattement vise à réduire la charge fiscale sur les héritiers directs qui continuent d’occuper le logement familial.
Pour assurer une évaluation précise et éviter tout litige entre héritiers, il est souvent conseillé de recourir aux services d’un expert immobilier ou d’un commissaire-priseur. Ce professionnel peut fournir une estimation détaillée et impartiale des biens immobiliers, prenant en compte tous les facteurs pertinents tels que l’emplacement, l’état général du bien, et les conditions du marché immobilier local.
Enfin, il est essentiel de noter que tous les biens immobiliers doivent être inclus dans l’inventaire de succession, qui sera utilisé pour le calcul des droits de succession. Cet inventaire, souvent rédigé par un notaire, comprend une description exhaustive de tous les biens, leur valeur estimée, ainsi que les dettes et autres charges qui pèsent sur eux. Cette documentation est essentielle pour une répartition équitable et légale du patrimoine entre les héritiers.
Les biens mobiliers
Dans le cadre d’une succession, l’évaluation des biens mobiliers est tout aussi essentielle que celle des biens immobiliers. Les biens mobiliers englobent une vaste catégorie d’objets, incluant les meubles, les œuvres d’art, les bijoux, les véhicules, et tout autre objet de valeur que possédait le défunt. Ces biens doivent être évalués à leur juste valeur marchande au jour du décès, c’est-à-dire le prix auquel ils pourraient être vendus dans des conditions normales de marché.
Pour assurer une estimation précise des biens mobiliers, il est souvent recommandé de faire appel à un commissaire-priseur ou à un expert en évaluation. Ces professionnels disposent des compétences nécessaires pour évaluer les objets avec précision, en prenant en compte des facteurs tels que l’état de conservation, la rareté, et la demande sur le marché.
Les biens mobiliers, une fois évalués, sont intégrés dans l’actif de la succession. La valeur totale des biens mobiliers contribue à déterminer l‘assiette taxable de la succession, sur laquelle les droits de succession seront calculés.
Certains biens mobiliers peuvent nécessiter des démarches particulières lors de la succession. Par exemple, les véhicules doivent être déclarés et réimmatriculés au nom des nouveaux propriétaires.
Les dettes du défunt
Lorsqu’une personne décède, l’évaluation des dettes du défunt est une étape essentielle dans le processus de succession. Ces dettes sont déduites de l’actif brut de la succession pour déterminer l’actif net, sur lequel seront calculés les droits de succession. Il est donc crucial de bien identifier et documenter toutes les dettes existantes au jour du décès.
Pour qu’une dette soit déductible de la succession, elle doit répondre à deux conditions : elle doit exister au jour du décès et pouvoir être prouvée par des justificatifs adéquats, tels que des factures, des contrats ou d’autres documents écrits. Parmi les dettes déductibles, on trouve : les emprunts, les impôts dus, les frais funéraires, les loyers…
Certaines dettes ne sont pas déductibles de la succession, même si elles existent au jour du décès. Parmi celles-ci, on trouve :
- Les dettes reconnues par testament : Les dettes que le défunt a expressément reconnues dans son testament ne peuvent pas être déduites de l’actif de la succession.
- Les dettes arrivées à échéance depuis plus de trois mois avant le décès : Ces dettes sont présumées remboursées, sauf si le créancier peut apporter la preuve contraire.
- Les dettes contractées pour des donations : Si le défunt a contracté des dettes pour financer des donations, ces dettes ne peuvent être déduites de la succession.
Les dettes du défunt impactent directement la part de chaque héritier. Après déduction des dettes, l’actif net de la succession est réparti entre les héritiers selon les règles de dévolution légale ou les volontés du défunt exprimées dans son testament. Si les dettes sont importantes, elles peuvent réduire considérablement la part des héritiers. Dans certains cas, les héritiers peuvent même décider de renoncer à la succession si les dettes surpassent les actifs, évitant ainsi de devoir payer les dettes du défunt avec leur propre patrimoine.
Les donations antérieures
Une donation est un acte par lequel une personne, le donateur, transfère de son vivant la propriété d’un bien à une autre personne, le donataire, sans contrepartie financière. Ces donations doivent être rapportées à la succession pour garantir que chaque héritier reçoive sa part légale du patrimoine du défunt.
Les donations peuvent prendre plusieurs formes : donation simple, donation-partage, donation entre époux.
Les donations antérieures peuvent avoir un impact significatif sur la part des héritiers. Si un héritier a déjà reçu une donation de son vivant, cette donation est déduite de sa part successorale. Si la donation excède la part légale de l’héritier, il peut être tenu de compenser les autres héritiers en restituant la différence en nature ou en valeur.
Le calcul de la réserve héréditaire
La réserve héréditaire est la part du patrimoine dont le défunt ne peut pas disposer librement par donation ou testament, car elle est réservée aux héritiers réservataires. Le reste du patrimoine, appelé quotité disponible, peut être légué librement à toute personne de son choix.
En France, la réserve héréditaire est une protection légale assurant que les héritiers réservataires reçoivent une part minimale de l’héritage. La répartition entre la réserve héréditaire et la quotité disponible dépend du nombre et de la qualité des héritiers réservataires :
- Un enfant : La réserve héréditaire est de 50 % du patrimoine, la quotité disponible étant de 50 %.
- Deux enfants : La réserve héréditaire est de 66,6 % du patrimoine (un tiers pour chaque enfant), et la quotité disponible est de 33,3 %.
- Trois enfants ou plus : La réserve héréditaire est de 75 % du patrimoine (un quart pour chaque enfant si quatre enfants, etc.), et la quotité disponible est de 25 %.
En l’absence de descendants, les ascendants (parents) bénéficient également d’une réserve héréditaire : un quart du patrimoine pour chacun des parents survivants.
Pour calculer la réserve héréditaire, il est nécessaire de déterminer l’actif net de la succession, qui se compose de l‘actif brut et les dettes.
Les droits des différents héritiers
Les droits des héritiers varient en fonction de leur lien de parenté avec le défunt. La loi française distingue plusieurs ordres d’héritiers :
- Les descendants directs (enfants, petits-enfants).
- Les ascendants (parents) et les collatéraux privilégiés (frères, sœurs).
- Les autres collatéraux (oncles, tantes, cousins).
- L’État, en l’absence d’héritiers dans les trois premiers ordres.
Les héritiers d’un même ordre se partagent le patrimoine selon les règles de la dévolution légale. En présence d’un testament, les volontés du défunt sont respectées dans la mesure où elles ne contreviennent pas aux droits des héritiers réservataires.
Gérer une succession implique de nombreux aspects juridiques et fiscaux, tels que l’évaluation du patrimoine, la gestion des dettes, et le respect des droits des héritiers réservataires. Chaque étape doit être abordée avec soin pour assurer une répartition équitable du patrimoine et éviter les litiges. Pour un accompagnement professionnel et personnalisé, l’expertise de Morgane Deswarte, avocate spécialisée en droit des successions, est précieuse.