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Lorsqu’il s’agit de planifier sa succession, la donation est souvent envisagée comme une solution pour transmettre son patrimoine de son vivant. Toutefois, ce mécanisme juridique n’est pas exempt de complexités et de risques, notamment le recel successoral, qui peut gravement perturber le déroulement d’une succession. Cet article vise à éclairer sur les différents types de donations, leurs conditions de validité, ainsi que les implications du recel successoral.
En tant qu’avocate à Valence spécialisée en droit des successions, Morgane Deswarte est là pour vous conseiller dans le cadre de donations et de conflits liés à celles-ci.
Les différents types de donations
Il existe plusieurs types de donations :
- La donation simple : elle concerne la transmission directe et immédiate de tout type de bien à la personne de son choix.
Le donateur peut choisir ce type de donation soit pour anticiper la transmission de ses biens à ses héritiers, il s’agit alors d’un don avant héritage appelé donation avec avancement d’hoirie, soit pour avantager délibérément une personne, il s’agit alors d’une donation hors part successorale. Dans le cas de la 2ème option, si le donateur a un ou plusieurs héritiers réservataires, il doit s’assurer que cette donation n’empiète pas sur la part réservée à chacun d’entre eux.
- La donation-partage : elle est fréquemment utilisée dans le but d’éviter les problèmes d’héritage lors de la succession. Le donateur partage ainsi une partie ou la totalité de son patrimoine entre ses différents héritiers réservataires. Toutefois, ce type de partage n’est pas nécessairement égalitaire. Le donateur peut décider d’avantager l’un de ses descendants, tant que cela respecte la réserve héréditaire.
- La donation entre époux (ou au dernier vivant) : elle permet d’augmenter la part d’héritage du conjoint dans la succession.
- La donation avec charge : en choisissant ce type de donation, le donateur peut insérer dans l’acte notarié de donation une clause obligeant certaines charges au donataire (entretenir la maison, payer les obsèques…). L’obligation de ces charges prend effet dès son acceptation.
- La donation indirecte : il s’agit d’une forme de donation où la transmission du bien n’est pas effectuée de manière explicite. Cela peut prendre différentes formes pratiques, souvent par le biais de transactions qui semblent ordinaires mais qui sont destinées à transmettre gratuitement un bien à une autre personne (payer la facture d’un tiers, placement de capitaux). Ce type de donation est souvent utilisé pour sa simplicité et parce qu’il peut parfois passer inaperçu au niveau fiscal. Toutefois, si reconnue, elle doit être rapportée à la succession pour respecter l’équité entre les héritiers.
- La donation déguisée : elle fait référence à une opération qui est présentée sous la forme d’une transaction ordinaire (comme une vente), mais où en réalité, il n’y a pas de réelle contrepartie. L’objectif est de transférer un bien gratuitement ou pour un montant bien inférieur à sa valeur réelle. Elle est souvent utilisée pour éviter de payer les droits de donation ou pour contourner certaines règles légales. Cependant, les autorités fiscales peuvent requalifier l’opération en donation, entraînant des conséquences fiscales pour le donateur et le bénéficiaire.
- La donation avec clause :
- La donation avec clause de retour conventionnel : ce type de donation permet au donateur de récupérer le bien donné si le donataire décède avant lui.
- La donation graduelle : elle permet au donateur de transmettre un bien à une personne (le premier gratifié), à la condition que ce bien soit ensuite transmis à une autre personne (le second gratifié) après le décès du premier.
- La donation avec clause résiduelle : elle assure la transmission d’un bien entre plusieurs personnes mais de façon moins contraignante que la donation graduelle. Le donataire n’est pas obligé de garder les biens, il peut les vendre. Ainsi, le second bénéficiaire obtiendra les biens encore présents lors de la succession du premier bénéficiaire.
- La donation avec clause de retour conventionnel : ce type de donation permet au donateur de récupérer le bien donné si le donataire décède avant lui.
Les conditions de validité d’une donation
D’après le code civil, les différents types de donations sont possibles à condition que le donateur et le donataire respectent plusieurs conditions.
Le donateur doit être saint d’esprit, être âgé minimum de 16 ans et posséder la capacité juridique de ses biens.
Le bénéficiaire doit accepter la donation, de manière expresse et non tacite.
Dans l’hypothèse où le donateur dispose d’héritiers réservataires, autrement dit des descendants ou un conjoint, la donation est limitée. Dans ce cas, il n’est libre que de faire une donation de la quotité disponible. À l’inverse, si le donateur n’a aucun héritier, il peut faire une donation de l’ensemble de ses biens aux bénéficiaires de son choix.
Le rapport de donations
Le rapport de donations, aussi appelé rapport civil, est un mécanisme qui vise à garantir l’équité entre les héritiers lors de l’ouverture de la succession. Les biens donnés avant le décès du défunt sont réintégrés fictivement dans la succession pour évaluer les parts respectives de chaque héritier. Cela permet d’assurer que la répartition respecte la part réservataire des héritiers, c’est-à-dire la part minimale que la loi leur garantit.
Le recel successoral : définition et sanctions
La jurisprudence définit le recel successoral comme « tout acte, comportement ou procédé volontaires par lequel un héritier tente de s’approprier une part supérieure sur la succession que celle à laquelle il a droit dans la succession du défunt et ainsi rompt l’égalité dans le partage successoral ». Cela inclut le fait de ne pas déclarer une donation antérieure. Les sanctions pour recel successoral peuvent être sévères, incluant la perte des droits sur les biens recelés et des pénalités financières.
Le recel successoral dispose d’un délai de prescription. En effet, ce délai est de 5 ans à compter du décès ou de 2 ans à compter du jour où l’héritier prend connaissance des faits litigieux, sans toutefois que ce délai ne puisse dépasser 10 ans à partir du décès.
Pourquoi faire appel à un avocat en droit des successions ?
Lors d’un conflit successoral, consulter un avocat peut s’avérer très utile pour parvenir à un accord amiable. En effet, un avocat offre des conseils précieux et défend efficacement les intérêts d’un héritier dans une affaire compliquée. De son côté, le notaire est tenu à une obligation d’impartialité.
Si le différend nécessite une procédure judiciaire, il est impératif de faire appel à un avocat spécialisé en droit des successions, comme Maître Morgane Deswarte à Valence, car c’est le tribunal de grande instance qui est compétent dans ce domaine.
Le droit des successions est une discipline complexe, et choisir un avocat qui possède une spécialisation ou une expérience approfondie en la matière constitue un avantage majeur pour maximiser ses chances de succès.